Photo Jean Dizier

Bienvenue

     Mon cher Paul*

C’est effrayant une expo ; je suis resté tout un mois sans rien pouvoir faire – j’étais comme vidé : sensibilité, intellect : zéro – Heureusement c’est passé.

  Je me retrouve avec des idées nouvelles une vision, ou plutôt un désir de vision et de réalisation plus complexe et en même temps plus épuré, plus décanté.

  Vous connaissez mon dada : exprimer le maximum avec un minimum de moyens !

Apparemment paradoxal et pourtant d’autres et des plus grands y sont parvenus.

   C’est ambitieux, très, je dirais presque, trop. Et pourtant avec la volonté de creuser, d’approfondir tout en ayant conscience de mes faiblesses, de mon ignorance je ne puis croire qu’à force de travail, d’obstination, il finira par rester quelque chose.

Vous avez raison, il ne faut pas se contenter d’ébauche ; il vaut mieux échouer en poussant une toile que de se satisfaire de peu.

J’ai des périodes de profond découragement parfois quand après de nombreuses séances je ne vois plus la toile et que j’ai conscience d’un nouvel échec. Vous parlez de lenteur, de toiles rétives et cependant vous réalisez ce que je ne peux dire de moi.

     C’est vrai, c’est long, long…

Alors continuons, puisqu’il n’y a que ça à faire !

    Je râle et une fois de plus j’ai tort quand je vois la vie de tant de gens, je sais que je ne changerais pas avec eux.

  Et quand même « Vive cette putain de peinture » !

* Lettre d’André Vayrette à Paul Courtin, après l’exposition d’aquarelles « Les Saisons » à la Maison des Compagnons à Nîmes (1975).

André VAYRETTE
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