Jean Marie Guérin

           Si choisir fièrement la solitude, la pauvreté, presque la misère parfois, faire son repas certains jours d’une tomate crue et dessiner le soir dans une pièce basse et humide à la lueur d’une bougie, si cette forme de courage est un signe qui marque l’ARTISTE, alors, oui, André VAYRETTE est un ARTISTE.

           CE QUI EST CERTAIN, c’est qu’un jour il a CHOISI : dédaignant toute besogne qui lui rapporterait « quelque chose » il a dit :

« Moi, je peins ! »

           La peinture est devenue sa raison d’exister. Il a fermé sa porte aux sourires des uns, aux airs méprisants des autres – les besogneux – et il a lu, écouté, et dessiné et poursuivi le rêve intérieur qui donnait à cet incroyant le regard illuminé d’un mystique.

Photo Jean Dizier

           Il est né à Nîmes dans un milieu ouvrier : son père réparait les vélos.

Il a essayé de plusieurs métiers mais son caractère entier et indépendant l’a rendu toujours un peu marginal. Il s’est formé seul. A travers ce qu’il lisait pêle-mêle et les toiles ou les reproductions qu’il contemplait, il avait dessiné sa vision à lui du monde et des hommes. Mais les hommes ne l’ont pas tellement aidé et encouragé. Je me souviens de sa tristesse après l’exposition qu’il avait faite à la Maison des Compagnons, il disait :

« Malgré toutes les invitations que j’ai envoyées aucun officiel n’a daigné se déplacer ! »…

Au Théâtre d’essais qui se trouvait alors au-dessus du Café de Paris (aujourd’hui « Le Napoléon »[1]) il a travaillé comme décorateur. Là, il a trouvé un entourage, un peu de chaleur humaine. Il participait aux discussions passionnées qui accompagnaient la préparation des spectacles. Le théâtre de Federico Garcia LLorca surtout l’inspirait et il avait conçu dans l’enthousiasme les costumes des Noces de sang.

C’est à partir de cette époque qu’il a tout de même senti se créer autour de lui un cercle d’amis « la famille » comme il l’appelait. Quelques amis, de rares collectionneurs, les Compagnons, voilà les seuls qui crûrent en lui.

Heureusement pour son œuvre, il y en avait un autre qui croyait en son art : c’était lui, André Vayrette, le courageux solitaire de Poulx qui poursuivait son rêve intérieur à la lueur dansante d’une bougie !!!!….

Jean-Marie Guérin


[1] En totalité, la devanture en bois et la salle du café située au rez-de-chaussée avec le salon décoré attenant à l’arrière ainsi que les deux salles situées au-dessus au 1er étage du café Le Napoléon, ancien café de Paris, situé 46 boulevard Victor-Hugo, tel que délimité sur le plan annexé à l’arrêté sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 2 novembre 2017

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