Otto Baumgärtner

A l’association culturelle « André Vayrette »

           Mesdames, Messieurs,

           (…)

           Je suis allemand et habite avec ma famille à Wiesbaden (RFA) mais, depuis 1975, nous sommes propriétaires d’une petite maison située tout près du mazet qu’habitait André Vayrette.

           Pendant trois étés j’ai fait connaissance de ce voisin. Par sa façon de voir les choses de la vie les échanges ont été faciles puis, étant moi-même épris de peinture et de poésie ils sont devenus plus profonds. De telle sorte que j’ai su capter son attention et qu’une certaine entente naissait entre nous.

           Cet homme solitaire, souvent mal compris de ses contemporains, était heureux d’entendre un écho en me parlant de sa peinture. Touché, je l’écoutais, attentif.

           Lors de notre dernier été commun à Poulx il me fit savoir qu’il aimerait me présenter ses peintures, les commenter et me communiquer son message.

           Dans son atelier-mazet la présentation fut longue et enrichissante, les échanges de vue se prolongèrent tard dans la nuit à la lueur d’une flamme de bougie, ce fut pour moi une révélation.

           André Vayrette a essayé de m’expliquer l’inexplicable : il était épris de représenter dans ses toiles cette chose difficilement imaginable au commun des hommes : la « quatrième dimension » que Hermann Minkowski avait introduit dans la théorie de la relativité d’Einstein.

           La passion guidait sa main pour « matérialiser » cette idée dans ses peintures par la représentation du vide, choses lui semblant réelles et mystiques à la fois – et les lui devenant peut-être synonymes sinon identiques.

Transfiguration

C’était son génie, sa « pierre philosophale », sa vue ; un peu de présence entouré d’un vide immense, son leitmotiv inéluctable de ses œuvres, voilant expliquant ce « vide immense palpitant autour d’un sujet modeste : visage humble, objet de rien, fleur qui passe… »

           Mesdames, Messieurs, l’impact de son œuvre toute entière se tient là, dans son but perpétuel, cette recherche permanente de transmission et de figuration de cette dimension devenue « sa » voie vers l’Absolu qu’il concevait dans le vide, ce rien qui peut représenter le tout.

           Je pense qu’André Vayrette a ressenti et vécu spirituellement cette réalité lui appartenant et un jour viendra peut-être ou quelques autres initiés (peintre ou non) parviendront à cette communication hors de portée de nos vues trop matérialistes ; André Vayrette aura été leur précurseur…

           Je serais heureux si ce témoignage vécu peut contribuer à mieux éclairer et mieux comprendre ce courageux solitaire qui s’était retranché à Poulx et qui vivait une vie démunie de toute richesse ou d’aisance extérieure.

           Dans l’attente de faire votre connaissance l’été prochain, je vous prie de croire, Mesdames et Messieurs, en mes sentiments les meilleurs. Wiesbaden le 28 octobre 1980 Otto Baumgärtner

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