2017 Poulx

« André Vayrette accueille son ami le peintre Paul Courtin »

Exposition Poulx 3 février 2017

Discours d’Armand Strubel, adjoint à la culture

Le nom d’André Vayrette n’est pas inconnu des poulxois : l’association culturelle locale s’est longtemps appelée ainsi ; la place, devant cette salle des fêtes, de même. Ses tableaux sont plus ou moins bien présentés en mairie… et il a vécu de 1965 1978 dans une ancienne bergerie à 200 m d’ici.

La commune de Poulx a vis-à-vis de l’artiste qui a fini ces jours près de ce lieu, un devoir de mémoire, renforcé par le geste qu’a fait la famille Vayrette en 1980 : le legs qui fait de Poulx le dépositaire de toute son œuvre. Il nous revient d’entretenir la flamme, comme l’ont fait nos prédécesseurs en 1980, 2003 et 2013.

Mais il ne s’agit pas là d’une simple obligation vu d’une charge !

La préparation de cet événement a été pour moi une expérience, qui m’a fait revenir sur mes premières impressions et à changer mon regard. Depuis presque trois ans que je côtoie régulièrement ses œuvres en mairie, j’ai appris à les regarder avec plus d’attention. Une exposition peut servir le même dessein. Si j’aimais bien quelques tableaux « faciles » d’accès comme la Draille, ou La pluie à Poulx, sans les trouver vraiment gai, les autres ne me semblaient pas anodins, et je sentais que celui qui les avait créés avait quelque chose à dire. J’ai dû faire mon bout de chemin vers un art exigeant, parfois abrupt, toujours profond, et moins aisé, moins accessibles, moins flatteur que les sempiternels champs de lavande sous le soleil de Provence !

Avec un peu de culture artistique, un peu de sensibilité et d’empathie, on regarde ses toiles comme l’expression du tourment intérieur d’un homme.

Mais cette exposition de 2017 comporte deux salles, deux peintres, deux styles : elle est là pour rappeler qu’heureusement André Vayrette ne fut pas que « le solitaire de Poulx » : « l’ermite de Saint-Hilaire » l’a vite rejoint en esprit et en art : tous deux solitaires, loin du monde et des modes, l’un dans sa bergerie et l’autre dans sa ferme. Un troisième ami n’a pu être ici, sollicité : son état de santé ne lui permettait pas, il s’agit de Pierre Parsus.

Si Poulx accueille aussi Paul Courtin, c’est parce que ces deux amis (du point de vue de la société) se sont découverts semblables et frères en inspiration. Ils ont été reconnus par leurs pairs, parce que la même passion de peindre les habitait, de peindre envers et contre tout : une passion qui habite l’individu et qui le dépasse. Ce que fut celle des plus grands (Van Gogh).

Même recherche sur la lumière, même désir de fixer sur une toile la vision intérieure, au prix, parfois, d’un choc visuel : « ça passe ou ça casse »…

aurait-on envie de dire comme spectateur !

Mais l’expérience de la rencontre avec cet art mérite d’être tentée. Chacun de leurs tableaux est un condensé d’énergie, de vibrations des formes et couleurs, avec une grande économie de moyens.

Deux salles, deux styles, avec un air plus gai du côté de Courtin : c’est l’inspiration nouvelle, la rencontre avec Christine, ici présente. Est-elle la source de cette lumière nouvelle et plus euphorique ? À moins que ce ne soit le succès que Courtin a rencontré après la disparition d’André Vayrette…

En effet, cette exposition à double face : illustre aussi la rigueur du destin. André Vayrette est décédé en 1978 sans avoir bénéficié de la reconnaissance publique, tandis que son ami a eu la chance d’une destinée parisienne grâce à un galeriste. André Vayrette est sans doute parti trop tôt, mais aurait pu connaître un sort identique.

Je vous demande donc ce soir, comme « André Vayrette accueille son ami le peintre Paul Courtin », d’accueillir avec bienveillance, respect, voire admiration et plaisir, les œuvres de ces deux peintres qui ne peuvent nous laisser indifférent. Il n’y a pire mépris que l’oubli !

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